Plus je pédale moins vite et moins j’avance plus fort
C’est une des expressions genevoises (Et au-delà !) favorites pour stigmatiser des efforts qui ne mènent nulle part. Elle s’emploie souvent à bon escient dans un contexte politique, elle servira aujourd’hui de fil rouge à notre réflexion sur l’économie « globale ».
« Global », un mot merveilleux lorsqu’il désigne une ambition comme celle de CyberDodo (Cliquez ici pour retrouver une explication de texte) mais qui confine au massacre accolé à « économie ».
Prenez les événements récents et autres annonces sur le front des marchés, fin avril la Grèce a des soucis de comptes publics non seulement en déficit abyssal mais truqués, un plan de sauvetage « massif » et « sans précédent » de 110 milliards est proposé.
Les marchés s’enthousiasment quelques jours et retombent dans la morosité.
Il faut dire que début mai, l’Espagne a apporté sa lourde contribution à l’inquiétude sur les dettes souveraines (Le terme technique et moins anxiogène qui désigne les déficits nationaux et les milliards que même nos enfants ne parviendront pas à rembourser) et que le Portugal n’est pas loin.
Miracle, les autorités européennes achètent de l’encre, du papier et remontent leurs manches… Résultat ? Un plan de sauvetage « massif » et « sans précédent » de 750 milliards d’euros, plus ou moins 1’000 milliards de dollars, est annoncé.
Les marchés s’enthousiasment quelques jours et retombent dans la morosité.
Quoi, vous avez déjà lu cette phrase ? Difficile de vous contredire…
Les pays européens annoncent alors les uns après les autres des mesures d’austérité budgétaire, en mai 2010 ! C’est comme si après des mois de malnutrition et une perte de poids qui mette votre vie en danger, un médecin vous suggérait une pilule de vitamine C le matin. Sauf que dans le cas d’espèce, il s’agit plutôt d’obésité et d’excès en tout genre.
Aujourd’hui, 21 mai 2010, les marchés se posent toujours les mêmes questions :
Comment les pays surendettés pourront-ils faire face à leurs engagements ?
La rigueur économique enfin décidée ne va-t-elle pas tuer dans l’œuf une reprise plus que timide ?
Les populations vont-elles accepter de payer encore pour des fautes qu’elles n’ont pas commises ?
L’Espagne vient de donner une première réponse en abaissant sa prévision de croissance pour 2010 du fait des dites mesures… Le chômage va donc encore augmenter, les recettes baisser, déséquilibrant toujours plus des comptes publics qui n’en peuvent déjà plus, avec à la clé une menace de dégradation de la part des agences de notation et un service de la dette (Les intérêts à payer) qui va peser de plus en plus lourd.
Le tableau n’est guère réjouissant, n’est-ce pas ?
Vous me direz que les 750 milliards d’euros vont justement servir à préserver l’Europe de cette glissade ? Bien vu… sauf que les 750 milliards, personne ne les a et qu’il est prévu de les… emprunter !
Barack Obama est parvenu hier à remporter une première bataille pour moraliser Wall Street, à l’image d’Angela Merkel qui avait précédemment tapé le poids sur la table, initiatives intéressantes mais non concertées qui pourraient manquer leur cible et déstabiliser encore plus ces « marchés » dont l’inquiétude n’a jamais été aussi légitime.
En résumé, plus je pédale moins vite et moins j’avance plus fort…
Bonne journée quand même