Gouverner, serait-ce désormais mentir ?
Le monde est suspendu aux lèvres de la Fed, la banque centrale américaine va-t-elle annoncer aujourd’hui qu’elle ralentit son programme de rachat de bons du Trésor et de titres liés à l’immobilier ? Programme qui engloutit la bagatelle de 85 milliards de dollars chaque mois.
Les spécialistes anticipent une réduction qui ramènerait la manne entre 70 et 75 milliards mensuels, la belle affaire me direz-vous ?
C’est que nous approchons de plus en plus du moment où il faudra bien dire la vérité, soit que le sauvetage de l’économie mondiale, post Lehman Brothers, n’est pas aussi assuré que les «grands» dirigeants veulent bien le laisser croire.
Le paradigme a totalement changé depuis 5 ans, avant la dernière crise (Celle dont nous serions en train de concrètement sortir avec les États-Unis en conducteurs du train fou) les économies nationales devaient maintenir un équilibre plus ou moins précaire entre les différents indicateurs mesurant leur performance (PIB, dette, chômage, investissement, etc.). Depuis, un des piliers d’une gestion responsable a été purement et simplement oublié dans l’équation = la dette publique.
Cette chronique est rédigée en français, commençons par la France pour illustrer cette révolution dans la gestion des états. Quel était le niveau de la dette française en 2007 ? 1266 milliards. Quel est-il aujourd’hui ? 1850 milliards. Quel devrait-il être en 2014 ? Environ 2’000 milliards, soit plus de 95% du PIB et 60% d’augmentation en moins de 10 ans.
Rappelons-nous qu’avant «notre» crise, le plafond de dette qui sanctionnait une bonne gestion gouvernementale était fixé à 60% du PIB… 60% à comparer aux 95% de la Hollandie de 2014.
Et les États-Unis ?
Ils devraient avoir de quoi pavoiser puisque leur économie redémarre… redémarrerait ? Redémarrera ? Leur dette, elle, n’a en tout cas pas cessé d’augmenter…
Qu’en est-il de la situation réelle ? Bien malin celui qui saurait répondre avec pertinence à cette question car tout dépend du point de vue. L’observateur éclairé prendra en compte les milliers de milliards déversés dans l’économie mondiale pour tenter de la maintenir en vie et répondra que la reprise est loin d’être assurée, y compris et surtout aux États-Unis.
Le commentateur politique fera semblant d’oublier que la marge de manœuvre des dirigeants (Et donc les leviers sur lesquels ils peuvent agir) est directement corrélée à leur courage et que beaucoup, beaucoup, ont choisi de laisser filer leurs déficits pour ne pas mécontenter leurs électeurs, au risque de plomber les générations futures.
Le gouvernant répondra, comme François Hollande, que cela va mieux et que la situation s’améliore, s’améliorera encore au gré des emplois aidés qui vont encore et toujours augmenter le déficit public.
Il est vrai que la famille qui pourrait accroître ses dettes sans limites pour passer le moins mal possible un sale moment n’aurait pas de raisons de considérer que le présent est dramatique.
Quid de l’avenir ? C’est quoi l’avnir Msieu ? Laissons la réponse et la conclusion à Pierre Dac :
«Un homme a son avenir devant lui, et il l’aura dans le dos chaque fois qu’il fera demi-tour»
Bonne journée aux dirigeants de la Fed, et à nous tous !