Et si on cassait le thermomètre ?
Nous sentirions-nous mieux ?
A ce propos, avez-vous remarqué l’évolution récente de la crise des déficits publics ?
Je ne parle pas de la « rigueur » et des tours de vis donnés avec plus ou moins d’intensité à leurs dépenses par les différents gouvernements mais des commentaires qui se multiplient sur les agences de notation.
Avant de les aborder, rappelons d’une part que plusieurs pays européens ont vu leurs notes récemment dégradées (Notamment Grèce, Portugal, Espagne) avec à la clé une augmentation du coût de leurs emprunts et que, d’autre part, le Ministre du budget, François Baroin, a cru positif de déclarer que le maintien du triple A français était « un objectif tendu ».
Pour information, voici un tableau établi par le quotidien espagnol « El Pais » des notes au 28 mai 2010 de 11 pays européens (Édifiant, cliquez sur le tableau pour vous rendre sur leur site ou ici) :
Revenons à présent aux agences de notation et aux commentaires récents qu’elles suscitent. S’il est incontestable que leur fonctionnement, leur financement et leur indépendance demanderaient à être entièrement revus, pourquoi les politiques ne se réveillent-ils que lorsque leurs erreurs sont pointées ?
Dénoncer l’opacité des agences de notation près de 20 mois après la faillite de Lehman Brothers (Alors que les dites agences n’avaient rien vu venir...) frise le ridicule, voire le conflit d’intérêt, quand cette indignation se manifeste si tardivement.
Pourquoi maintenant ?
Parce que les chiffres sont têtus et que les déficits publics de plus en plus de pays sont de moins en moins compatibles avec le statut de « débiteur de première qualité » que la note AAA est censée sanctionner.
Alors plutôt que de regarder la réalité en face et de constater que la température monte, les « responsables » préfèrent casser le thermomètre en remettant soudainement en cause la pertinence des analyses des agences de notation…
Dans le même temps, il paraît que les « marchés » n’attendent qu’un bon signal pour « rebondir fortement », alors tout va bien, n’est-ce pas ?