Canfranc
Quel étonnement ce dimanche de tomber par un hasard total sur la chaîne « Histoire » qui diffusait un reportage sur la gare de Canfranc…
Comment ne pas être replongé instantanément au cœur de notre pèlerinage vers Compostelle en 2004 ? Je pense à mon compagnon, le beau Michael, en souhaitant que ce retour dans notre histoire commune lui permette de passer une très bonne semaine…
Souvenirs… (Cliquez ici pour accéder à la chronique originale)
27 ème étape – 21 juin – Bedous => Jaca (Via Col du Somport) (31,24 kilomètres et 40’061 pas – Cumulés : 684,02 kilomètres et 832’529 pas)
Un jour charnière, passage, évolution, changement, etc…
Nous sommes en Espagne ! Quand je repense à nos mois de préparation et de réflexion, ce changement de pays m’apparaissait comme virtuel tellement il était lointain et surtout précédé de près de 700 kilomètres de marche et pourtant… nous y sommes.
Je ne regrette pas ma décision concernant le bus jusqu’au Somport car certaines sections de la montée (Pour information, plus facile que le Ventoux !) se résumaient à 2 voies de circulation sans aucun espace additionnel en largeur. Je ne sais pas où nous nous serions échappés lors du croisement de 2 camions.
Nous avons appris, pour les futurs pèlerins, que les autorités locales envisageaient de défricher l’ancienne voie ferroviaire afin de garder leurs visiteurs en vie, excellente initiative à suivre.
Lors de ce trajet, nous avons fait la connaissance d’un personnage très intéressant, notre chauffeur… Jonathan Diaz (A ma droite sur ce cliché pris au Col du Somport)
a découvert par hasard, il y a quelques années à la gare désaffectée de Canfranc, une liasse de vieux documents qui traînaient sur le sol. Intrigué par ces papiers à la présentation mystérieuse, il en a entrepris l’analyse… Que n’avait-il pas fait !
Il venait de mettre la main sur des pièces qui établiraient l’existence du passage, au début des années 40, de plus de 80 tonnes d’or nazi en Espagne. Ceci avec la participation d’une société suisse ! Sa curiosité a valu à Jonathan bien des soucis mais une jugeotte naturelle au dessus de la moyenne et des documents de valeur, lui ont permis de sortir victorieux des embûches judiciaires que les sociétés mises en cause lui ont tendues.
Il est en cours de rédaction d’un ouvrage qui va conter par le menu, le destin sulfureux de ce magot pestilentiel. Le chemin est un espace de rencontres, n’est-il pas ?
Après avoir fait tamponner nos crédencials par la douane espagnole,
nous avons entrepris la descente vers Jaca, non sans avoir immortalisé les kilomètres encore à faire selon la borne officielle :
858, à cœurs vaillants rien d’impossible.
L’ambiance est restée lugubre pendant des kilomètres (Sans pluie ce qui nous permet de porter notre record à 27),
malgré certains passages plus plaisants
l’impression générale était triste à souhait. Ce n’est que peu avant la gare de Canfranc que l’environnement s’est détendu et nous avec.
Cela nous a sans doute empêché de nous préparer au choc qu’allait nous causer cet endroit. Imaginez une gare victorienne de plus de 100 mètres de longueur totalement abandonnée ! Avec des arbres qui poussent entre les rails, les fenêtres ouvertes et une sensation de jour d’après très oppressante.
Nous avons été si émus que nous avons perdu le chemin et avons parcouru quelques kilomètres sur les rails qui, heureusement, avaient le bon cap. Si vous êtes dans la région, venez vous faire peur…
En retrouvant la route, je me suis cru projeté dans un autre espace-temps, mon livre « Genia », voyez pourquoi :
J’ai lavé mes idées noires ( !) au voisinage de la rivière Aragon qui, fidèle accompagnatrice, est pratiquement restée en permanence à nos côtés jusqu’à Jaca.
En passant vers le « Torre de Fusilleros », nous nous sommes félicités de venir ici en paix !
Le chemin s’est tour à tour fait légendaire
puis trop moderne
pour nous faire quitter ces montagnes lourdes et tristes. A l’approche de Jaca, le ciel et la terre se sont mis à l’unisson pour retrouver des couleurs motivantes. Jusqu’à l’entrée de Jaca proprement dite où le chemin s’est mué en autoroute à… brebis !
Nous sommes en Espagne, le chemin change de langue parlée mais son cœur garde le même vibrato, peut-être juste un peu plus grave…
derniere fois!! merci, de ne plus afficher la photo de la gare de Canfranc en blanc et noire. les droits d auteur vous savez ce que ça veux dire?