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A Georgette Martin, née Perruchoud

Submitted by on samedi, 11 novembre 2017No Comment

Pour ce 37ème anniversaire de ta disparition, j’aimerais partager quelques pensées avec toi…

Quand tu es partie, j’avais à peu près l’âge qu’a aujourd’hui le plus jeune de tes petits-fils, ces 4 types fantastiques qui n’auront jamais le bonheur de te connaître

Quand tu es partie, cela faisait trop d’années que tu souffrais et pourtant tu étais encore jeune, beaucoup plus que moi aujourd’hui

Quand tu es partie, j’ai cru très fort que le monde était méchant et j’ai graduellement oublié à quel point

Et puis, la mémoire m’a été rendue, saleté après saleté, il y a un peu plus de 5 années et pendant ces 5 années.

5 années, comme ton calvaire, comme cette épreuve terrible que tu as traversée et qui t’a emportée

Aujourd’hui, particulièrement, des questions hantent mon esprit : si j’ai survécu et pas toi est-ce parce que mes 4 fils m’aiment plus que je n’ai su te le montrer ? Est-ce parce qu’ils ont su me sauver de la trahison la plus ignoble et des mensonges les plus vils et que moi j’ai failli à lutter avec toi contre cette ignominie de cancer ?

Pourquoi suis-je devenu plus vieux que toi ?

Quand tu es partie, je peux bien te le dire maintenant tu étais vieille pour moi, pourtant j’ai 7 ans de plus que toi et je ne me sens pas vieux… Pourquoi n’avais-je pas la conscience que tes petits-fils ont ?

Quelle est la raison de ton calvaire, quelle est la logique de la perfidie qui a failli m’emporter ?

« Tout est souffrance » a dit Bouddha, notre existence ne serait que cette lutte, perdue d’avance, contre cette injustice ? Injustice, le mot est lâché ! Injustice de la maladie, pourquoi toi et pourquoi à 49 ans ? Et, injustice des hommes et d’une femme, comment la vilenie d’une peut-elle en empoisonner autant ?

Il paraît que ce qui ne nous tue pas nous rendrait plus fort ? Suis-je plus fort d’avoir dû affronter le parjure et l’insanité ? Mes fils sont-ils plus forts d’avoir dû comprendre pendant l’enfance que le mal peut prendre les formes les plus inattendues ?

Je ne t’ai plus parlé pendant des années, beaucoup d’années, et quand mon monde s’est écroulé, quand l’espoir s’est paré d’agonie, quand les jours sont devenus insupportables, je me suis d’abord adressé à mon Créateur pour le prier de me rappeler…

J’ai fait cette effroyable prière pendant 127 jours… puis, faute d’avoir été exaucé, je t’ai appelée pour m’aider à trouver un sens à ce massacre.

Toi, à la foi indestructible, toi que je n’ai pas assez connue, toi qui es « là-bas », j’ai osé me souvenir qu’il y a longtemps, je t’avais appelée « Maman ».

Nous sommes le 12 novembre 2017, j’ignore ce que sera le reste de ma vie, je sais à présent que TOUT peut arriver car le pire est arrivé; si nous sommes faits de cycles, peut-être puis-je oser penser que le meilleur m’attend et que la destruction passée était l’inévitable purification, la nécessaire cautérisation d’une perverse blessure qui m’aurait de toute façon condamné, à plus ou moins court terme ?

Sois fière d’être la Grand-Maman de Michael, Manuel Jr, Maxence et Mallory, ils ont gardé leur papa vivant, ils ont répondu par l’amour à la haine, par la vérité aux délires, par l’espoir à la tromperie et par la plus belle des présences à l’indigne fuite…

« Il n’y a pas de traversée du désert, il n’y a qu’une marche vers l’oasis »

Jean Bies

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