J’ai rencontré un Saint
J’ai déjà raconté ma visite à Rome au début du pontificat de Jean-Paul II où j’ai pu assister à l’audience publique du mercredi pendant laquelle le Pape parcourait systématiquement la Place Saint-Pierre à pied. Ce jour-là, j’étais installé contre une barrière et je le photographiais à tout va avec mon téléobjectif pendant qu’il progressait tranquillement dans ma direction.
Très concentré, je multiplie les prises de vue en faisant au fur et à mesure la mise au point jusqu’à ce que, malgré mes efforts acharnés, le Pape «ne rentre plus dans mon viseur». Que faire ? Comment, je suis là Place Saint-Pierre, le Pape est tout proche et je vais rater «la» photo ?!
Il faut savoir qu’à ce moment-là je collaborais régulièrement avec la Tribune de Genève (Critique littéraire, etc.) et j’avais bon espoir de pouvoir leur vendre de belles photos du nouveau Pape… mais si je manquais cette opportunité….
Alors, étant définitivement incapable de cadrer correctement mon sujet, je n’ai plus qu’un nez et encore complètement flou devant mon œil qui commence à s’affoler, je baisse mon appareil et se produit l’une des plus grandes surprises de ma vie, j’ai le Pape en face de moi, juste en face, là devant à 30 centimètres !
Mes yeux s’écarquillent, ma bouche s’ouvre et l’incompréhension m’envahit, totalement.
Jean-Paul II s’est arrêté et me regarde, visiblement amusé par ma réaction. Il sourit et nos regards se croisent… Je renonce à décrire l’émotion qui m’étreint car elle fait appel à la foi, à cette foi qui avait été tellement ébranlée par la terrible maladie de ma mère, son insupportable agonie et son décès le 12 novembre 1980.
Ses yeux… ses yeux…
J’ai été incapable de prononcer un seul mot et après quelques instants de cet échange silencieux, le Pape a repris sa marche pour se retourner quelques mètres plus tard, comme pour s’assurer que je parvenais à maîtriser mon émotion.
« Saint Jean-Paul II«
Je l’ai «revu» le 21 juin 2006 lorsque nous sommes arrivés à Rome avec mon homonyme de fils, au terme de nos 1’000 kilomètres de pèlerinage entre le Luberon et le Vatican.
Les détails de cette rencontre sont accessibles ici.
27 avril 2014, Karol Wojtyla devient Saint Jean-Paul II qui sera fêté chaque 22 octobre, date de son intronisation.
Il n’a pas besoin de moi, c’est moi comme des millions d’autres qui ai eu besoin de lui, mais je veux écrire que sa canonisation est une telle évidence qu’elle réjouit les multitudes passées et à venir qui n’oublieront jamais son message :
«N’ayez pas peur»
P.S : Jean-Paul II n’aurait pas été un homme parfait ? Il n’aurait pas agi contre les prêtres pédophiles, cet honteux et injustifiable cancer de l’église catholique ? Il aurait couvert les atrocités commises par le «père» Marcial Maciel Degollado, fondateur maniaque et criminel des Légionnaires du Christ ?
Je ne peux pas croire une seule seconde que Jean-Paul II aurait pu soutenir ces infâmes pratiques, d’une quelconque manière, c’est tout simplement impossible.
Maintenant, le plus important pour moi, je ne doute pas que la vie de Karol Wojtyla ait été pleine et entière, avec son lot d’erreurs et de remises en cause. Mais, sa capacité à être «plus», beaucoup plus qu’un homme et à s’inscrire dans les pas de Jésus pour emmener plus d’un milliard d’êtres humains sur le chemin de l’Amour pendant les 26 années de son règne (Et les presque soixante années de son sacerdoce) est ce qui explique et justifie pleinement sa canonisation.
Ses yeux… ses yeux…
