Comment va le monde aujourd’hui ?
Réflexion sur une gueule de bois égyptienne, corse, franco-indienne et américaine.
Débutons ce voyage en Égypte où le peuple réalise chaque jour davantage qu’il a échangé une dictature contre une autre.
Le sang coule à nouveau pour la démocratie, seul le nom de l’adversaire a changé et les manifestants n’ont eu qu’à effacer «Moubarak» de leurs banderoles pour le remplacer par «Morsi» pour reprendre leur lutte, le printemps arabe a laissé place à l’automne de la désillusion en attendant peut-être un terrible hiver.
Les chars sont de retour, l’armée s’interroge encore mais pour le moment s’interpose et si les morts seraient moins d’une dizaine, les blessés sont déjà plusieurs centaines, beaucoup d’observateurs décrivent la situation comme plus sérieuse qu’avant la chute de Moubarak car la sécurité n’est plus assurée et tout peut s’embraser à n’importe quel moment.
Mohamed Morsi a cru renforcer ses pouvoirs avec son décret du 22 novembre dernier, il a surtout provoqué une réaction épidermique qui pourrait l’empêcher de se maintenir au pouvoir, au prix de centaines de vies.
Restons en Méditerranée et déplaçons-nous en Corse qui se réveille en ce jour de l’Immaculée Conception avec les oreilles qui sifflent puisque plus d’une vingtaine d’explosions ont retenti dans une «nuit bleue» digne des plus chaudes périodes de revendication indépendantiste.
En accord avec les traditions locales, ce serait des résidences secondaires qui auraient fait les frais de cette activité poudrière et on ne relèverait heureusement aucun blessé. Je n’ai jamais eu la prétention de comprendre quoi que ce soit aux aspirations contradictoires du ou des peuples corses mais les récents assassinats (Le 20ème de l’année a eu lieu hier) que les autorités relient à des activités mafieuses ne peuvent qu’inquiéter.
Alors que l’aspiration des Corses a préserver leur patrimoine naturel pour les générations futures tout en se protégeant de la spéculation immobilière afin de pouvoir continuer à vivre chez eux est une philosophie qui pourrait être comprise et soutenue par la majorité des «autres».
Autre gueule de bois celle des employés de Mittal à Florange, après l’agitation du Ministre Redresseur Montebourg, le calme glacé du Premier Aéroportuaire Ayrault et une sensation d’avoir été les dindons rouillés d’une farce qui les dépassent de beaucoup.
Le Canard Enchaîné de cette semaine révèle que Lakshmi Mittal en entrant dans le bureau du Président Hollande (Cette appellation m’étonne encore) aurait exigé des excuses… On est loin d’un tycoon industriel impressionné par les muscles gouvernementaux français.
L’Europe se meurt de ne plus avoir de vision et de s’enfermer dans une guerre de tranchées perdue d’avance. L’innovation, les nouvelles technologies, l’écologie appliquée, etc. sont les niches de notre réussite de demain. Condition indispensable mais pas suffisante : arrêter de mentir au peuple et de faire des calculs électoraux, c’est du destin de dizaines de millions d’êtres humains qu’il s’agit et certainement pas des prochaines élections et du poids respectif des composantes de la gauche.
Dernière gueule de bois du jour, celle du «fiscal cliff» aux États-Unis. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce concept, tentons de l’expliquer simplement : la dette publique américaine ayant atteint des sommets invraisemblables (A l’heure où j’écris ces lignes = 16’243’646’500’000), une négociation est intervenue il y a environ un an entre Démocrates et Républicains (Le Président Obama et son parti n’étant pas majoritaires dans les 2 chambres) pour qu’à l’occasion de ce énième relèvement du plafond de la dette des coupes interviennent dans les budgets publiques en 2013.
Dans le même temps, des hausses d’impôts sont également prévues.
C’est cette conjonction de baisses des dépenses publiques et de hausses des impôts qui terrifie les experts car, selon eux, elle mène droit vers la récession. Or, quel est le premier levier de croissance aux États-Unis ? La consommation ! Donc, si un accord n’est pas trouvé entre le Président réélu Obama et ses adversaires républicains, les américains auront moins d’argent dans leur portefeuille en 2013, consommeront moins, la dette augmentera encore et toujours et la récession reviendra…
Mais, commentaire personnel, si les États-Unis continuent à imprimer de la monnaie (Potentiellement fausse car n’étant plus corrélée à aucune richesse) à ce rythme effréné et à maintenir artificiellement leurs taux d’intérêt proches de zéro, de quelle croissance parlons-nous ? De quelle consommation ? De celle représentée par les dettes de foyers américains sur leurs cartes de crédit après celles de l’immobilier ?
J’arrête, je suis très souriant ce matin, la neige recouvre le coin de Provence où je me trouve, les miens dorment paisiblement, je ne voudrais pas réaliser soudainement que moi aussi j’ai la gueule de bois.
Bonne fin de semaine à tous !