Une civilisation qui marche au bord du gouffre
Nous nous souvenons tous de la pagaille mondiale causée par ce volcan islandais à la prononciation aussi extraordinaire que la Nature qui l’entoure, l’Eyjafjallajökull.
En 2010, il était parvenu à mettre au chômage technique une bonne partie des aéroports européens et les annulations de vols s’étaient comptées par milliers.
Depuis 2 jours, c’est l’Inde qui est touchée par des pannes de courant dont l’ampleur même nous semble inconcevable… des centaines de millions de foyers privés d’électricité et un sous continent quasi figé.
Ce matin, c’est mon petit village de Provence qui n’a plus d’eau, la faute à une conduite qui a eu la mauvaise idée de se rompre alors que les températures vont encore allégrement dépasser les 30° et que le ciel est déjà, à 6h30, d’un bleu… touristique !
Notre civilisation prend de plus en plus des allures de colosse aux pieds d’argile, cette technologie dont nous sommes si fiers n’a pas de filet, pas de redondance, pas de système de secours, pas de plan B, un relais quelque part se coupe ou cesse de fonctionner et cela peut entraîner une cascade d’incidents dont le bilan final peut être catastrophique.
Nos grand-mères avaient des réserves parce «qu’on ne sait pas ce qui peut arriver», nous avons une carte de crédit, un portable et une voiture. Avec le portable, nous pouvons appeler des lignes d’urgence qui répondront… peut-être et nous déclencheront des interventions efficaces… peut-être.
Avec la carte de crédit, nous pouvons acheter ce qui soudainement nous manque, par exemple de l’eau, sauf si de nombreuses personnes ont la même idée ou le même besoin parce qu’avec la gestion en flux tendu des stocks, notre «société moderne» n’est jamais loin de la disette.
Avec notre voiture, nous pouvons/devons nous rendre au magasin qui aura peut-être de l’eau, sauf si les stations-service sont en rupture (Comme c’est arrivé plusieurs fois ces dernières années dans le Sud de la France) et dans ce cas…
J’ai rencontré récemment un sommet de l’absurde lorsque notre ligne téléphonique s’est trouvée en dérangement, j’ai appelé le numéro idoine pour me battre pendant 10 minutes avec un répondeur téléphonique plus ou moins interactif (Je refuse d’appeler cette «machine» un robot par respect pour Jacques de Vaucanson) qui avait pour seule réponse :
«Vous n’appelez pas depuis votre ligne d’abonné»
«Et bien non, patate, puisqu’elle est en panne !»
Après ces 10 minutes effectives de pressage de touches en tout genre et de saisie de mon numéro sur le clavier, j’ai eu droit à un message m’indiquant qu’un incident était en cours dans mon secteur, que toutes les équipes étaient mobilisées (Cela doit faire au moins 2 personnes, une qui réfléchit et l’autre qui observe) et qu’il ne m’était pas nécessaire de rappeler, sic !
Dans ces moments-là ou comme ce matin devant mon robinet qui hoquetait, soufflait mais restait désespérément sec, on se dit que tout ce dont nous sommes sûrs dans notre style de vie est décidément bien fragile.
N.B : Bonne Fête Nationale à mes compatriotes en ce 1er Août !