Wall Street, l’Espagne, la dette et Rio+20
Nul besoin de détailler une fois de plus la situation économique actuelle, contentons-nous de souligner quelques têtes de chapitre.
L’Espagne tente de toutes ses forces de ne pas rajouter son nom à la liste des mis sous tutelle qui est déjà «riche» de l’Irlande, du Portugal et de la Grèce. Pourtant, avec des besoins estimés entre 60 et 100 milliards d’euros pour son seul secteur bancaire, une dégradation récente de sa note qui lui fait payer ses nouveaux emprunts à près de 6% et une récession clairement installée, quel autre choix urgent ont nos amis espagnols ?
La France continue sa «dance in the dark», tout va bien Mesdames et Messieurs, il suffisait d’avoir de la volonté, une ambition sociale et un profil normal et l’horizon allait se dégager en moins d’un mois !
C’est du moins, la belle histoire que l’équipe Hollande est parvenue à vendre à ses concitoyens en sacrifiant quelques milliards de dettes supplémentaires sur l’autel des élections législatives qui vont être remportées par les socialistes. Ceux-ci doivent d’ailleurs avoir mal aux articulations à force de croiser les doigts pour que la crise bancaire espagnole ne fasse pas capoter ce magnifique exercice de communication d’ici au 17 juin (Deuxième tour des élections).
Quid de la météo boursière ?
Les spécialistes hésitent entre 2 scénarios…attention, il ne s’agit pas d’arbitrer entre soleil ou pluie mais entre gros temps et tempête, rien de moins !
D’aucuns nous parlent d’œil du cyclone, pendant que d’autres prédisent pire en voyant à l’horizon plus ou moins lointain se former toutes les conditions nécessaires à la tempête du siècle.
Quelles sont ces conditions ?
En premier lieu, les dettes souveraines dont le montant total devient presque ridicule tant il n’est plus en rapport avec les capacités économiques actuelles, quelle banque accepterait de prêter à quelqu’un une somme qui représenterait plus d’un siècle de ses revenus (J’ai bien écrit revenus et pas épargne) ?
Une récession rampante qui plombe une à une toutes les économies : européennes (Même l’Allemagne qui devrait connaître une quasi stagnation en 2012), nord-américaines (Le chômage est loin d’être vaincu et les statistiques ne cessent d’inquiéter) et, c’est nouveau, asiatiques (On ne parle pas de récession en Asie mais d’un taux de croissance qui baisse de plus en plus fortement jusqu’à nécessiter des mesures de relance, voire à ce propos l’exemple chinois récent).
Et surtout, l’absence dramatique de tout plan d’action global qui permettrait de travailler ensemble à la remise en route de la machine. C’est même tout le contraire, de plus en plus de pays se referment sur eux-mêmes en rejetant la faute sur les autres et en décrétant que le salut viendra de l’intérieur.
«Fous que vous êtes !», avez-vous tous du pétrole ? Avez-vous tous des céréales ? Avez-vous tous les industries et autres équipements dont nous ne savons plus nous passer ?
Si l’on peut le regretter et trouver inconscient d’être entrés dans ce système, il n’est pas possible de nier que l’économie est désormais mondialisée, existe-t-il d’ailleurs encore un seul pays qui pourrait vivre en autarcie ?
Comment nous en sortir ?
Je suis partisan d’une décroissance paisible et intelligente car je vois dans la crise des dettes souveraines un effet collatéral de notre surconsommation effrénée, de cette empreinte écologique dévastatrice qui nous fait prélever des ressources naturelles comme si notre planète en possédait 4 ou 10 fois plus et qu’elles se renouvelaient sans souci.
Nous vivons à crédit financièrement, les milliers de milliards de dettes accumulés par les anciens «grands pays» en témoignent douloureusement mais, surtout, nous vivons à crédit sur le dos de la planète et des générations futures que nous privons d’ores et déjà de ce que nous gaspillons quotidiennement et qui leur manquera cruellement.
Alors, calmons le jeu, ressaisissons-nous et sortons de cette spirale qui nous a fait nous perdre : «Je consomme donc je suis», «J’ai droit à….», etc.
Nous avons tous les droits que nous reconnaissons aux autres, nous avons tous les droits que nous garantissons aux générations futures, nous avons tous les droits qui fondent et confortent notre humanité, rien de moins mais rien de plus.
Rio+20 s’annonce, encore une de ces méga conférences qui se négocient avant et ne sont que des scènes de théâtre où les «grands» de ce monde viennent jouer une partition écrite jusqu’à la dernière virgule, c’est un échec annoncé et c’est un drame.
Un drame ? Il est fou ce Manuel M. Martin…
Cette semaine, Wall Street a gagné près de 4 %, c’est bien la preuve qu’il n’a rien compris !
Bonne fin de semaine quand même…
P.S : Si vous trouvez que l’illustration de cette chronique n’est pas très lisible, nous partageons le même sentiment inquiétant