49 ans, 6 mois et 10 jours
C’est un sentiment plus qu’étrange qui m’a envahi samedi soir. J’étais dans mon bain après une demi-heure de sport intensif, laissant les battements de mon cœur se calmer tout en pensant, amusé et étonné, au passage du temps et à 2011.
Car, je m’apprête à passer une marque importante dans le décompte des années de la vie d’un homme, en août prochain il y aura le jour de mes 50 ans…
J’y pensais en profitant des généreuses effluves de lavande qui émanaient de mon bain lorsque mon cerveau s’est mis tout seul à calculer. Ma mère est née le 11 mai 1931 et est décédée le 12 novembre 1980, elle avait 49 ans 6 mois et 1 jour. Samedi, nous étions le 12 février 2010, je suis né le 2 août 1961, j’avais très précisément 49 ans 6 mois et 10 jours…
Ce soir-là, pour la première fois, j’étais plus « vieux » que ma mère. J’imagine que pour beaucoup d’entre vous ce genre de réflexion n’a pas vraiment de sens, c’est sans doute que vous avez eu la chance d’avoir votre Maman longtemps auprès de vous.
Dans mon cas, j’avais à peine plus de 14 ans lorsqu’elle est tombée malade et 19 quand elle nous a quittés. Avec mon regard d’adolescent, j’ai tenté d’intégrer aussi bien ses horribles souffrances que cette échéance car, avec beaucoup de respect pour elle, cet ignoble cancer l’a terriblement usée et ce n’est pas une jeune femme qui s’est éteinte.
Les années ont passé et l’inconcevable est arrivé : je suis plus vieux que ma mère !
Ma mère, cet être mythique dont le fugace passage terrestre m’a laissé plus de questions que de réponses. Quelle sensation étrange, indescriptible, comme si j’avais enfin l’opportunité d’apurer les lourds comptes du passé.
J’ai le souvenir de l’avoir portée dans mes bras, une semaine avant sa mort, pour lui laver les cheveux et malgré son plus d’un mètre soixante dix, je n’avais plus que 38 kilos de Maman à soulever… et me voilà plus vieux qu’elle, quelle histoire, quelle impossibilité à décrire, écrire ce qui se passe en moi.
Je respire à pleins poumons pour maîtriser mon émotion et je lui adresse un sourire. Pour quelques mois encore nous aurons le même âge, je vais essayer de l’imaginer comme ayant eu une autre vie, une vie tout court, et je vais profiter de la mienne en la remerciant de me l’avoir donnée.
« Nul adulte n’a jamais compris que, pour l’enfant, la solitude est pire que la douleur »
Jacques Attali
N.B: Une pensée particulière pour l’ami Mo dont le Papa est parti samedi…
Bravo pour cet émouvant témoignage pour ta maman.
Ta reconnaissance envers elle sera éternelle.
Anne-Marie
Cher Monsieur Martin ,
votre récit est émouvant par sa sincérité , votre cri d’amour est le témoignage de votre grandeur humaine.
chalouhi nahra